FUSION AGIRC et ARRCO ATTENTION DANGER!!!
" Négociations AGIRC et ARRCO"
L’enjeu était donc de ne plus laisser aucune place aux dispositifs par capitalisation qui préexistaient à la création de la Sécurité sociale, alors même qu’un Comité de défense des cadres avec la CFTC et la CGC revendiquaient le maintien de ces régimes privés d’épargne et par conséquent s’opposaient à l’assujettissement obligatoire des cadres à la Sécurité sociale.
On comprend dès lors pourquoi la création de la Convention collective nationale de retraites et de prévoyance des cadres du 14 mars 1947, revendiquée, portée et
théorisée dès mars 1946 (1) par la CGT, a exclusivement reposé sur la détermination de ses représentants (en particulier nos camarades André jean et Pascré, tous deux dirigeants de la
Fédération nationale des Industries chimiques) et sur celle du ministre du Travail et de la Sécurité sociale de l’époque, Ambroise Croizat.
Banquiers, assureurs et autres promoteurs de la capitalisation sont d’ores et déjà sur la brèche pour se disputer la plus grosse part de ce futur marché, à l’instar de Guillaume Sarkozy (oui, oui, le frère de l’autre...) qui à la tête du groupe Malakoff-Médéric se propose de créer avec la CNP (filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation) une société joint-venture pour développer et promouvoir... l’épargne retraite « d’utilité sociale » ! Bel effet d’affichage avec pour argument de vente la présence de la CFE-CGC, de la CFDT, de la CFTC et de FO au conseil d’administration de MMER (Malakoff-Médéric Epargne Retraite),
Chargé de
faire le travail...
C’est bien
l’ensemble des salariés du privé, cadres et non-cadres, qui en supporteraient les conséquences. Le régime est cependant dans l’obligation légale d’honorer les droits acquis par les salariés en contrepartie du verse- ment de leurs cotisations, donc dans l’obligation de payer les retraites. L’intégration de l’AGIRC dans l’ARRCO entraînerait immanquablement le siphonage des réserves de l’ARRCO tout en précipitant la survenue de son propre déficit. En d’autres termes, l’intégration conduirait inéluctablement au fil du temps les non cadres à financer à leur insu et à leurs dépens une partie croissante de la retraite versée aux cadres. Il s’agit en effet pour le Medef, la CGPME et l’UPA, d’équilibrer les finances du nouvel ensemble ainsi constitué, sans lui apporter de nouvelles ressources. Le nouveau régime fonctionnerait toujours par points mais, cette fois « à cotisations définies » : le taux de cotisation étant alors fixé à titre définitif au taux actuel, le régime fusionné ajusterait en permanence et automatiquement au fil des ans les droits à pension, ceux en cours d’acquisition comme ceux déjà liquidés, au montant des ressources procurées par les dites cotisations. On épouserait alors la logique des « comptes notionnels suédois » dont la loi Sarkozy impose la mise en débat en 2013 et dont la CFDT, avec ses deux économistes conseils, Thomas Piketty et Antoine Bozio, revendique également la mise en place. La suite est sans appel : dans un système financé à ressources constantes, tout accroissement du chômage, du nombre de retraités où de leur espérance de vie se traduit par une baisse des droits à retraite.
Dès 2010, les retraités suédois ont ainsi vu baisser leurs pensions de 3 % et une nouvelle baisse de près de 8% est d’ores et déjà anticipé pour
2011 !! L’avez- vous remarqué ? Avec ce tour de passe-passe, ces escamoteurs sans scrupule ont au passage escamoté... le « statut cadre » ! En effet, les salariés sont obligatoirement affiliés à l’AGIRC en fonction de leur qualification et/ou des responsabilités exercées, ce qui évidemment, par le fait même, constitue la reconnaissance du statut cadre. Grâce à la GMP (Garantie Minimale de Points) ceux dont le salaire est inférieur au plafond de la Sécurité sociale peuvent malgré cela acquérir des droits à retraite dans le régime. L’existence même de l’AGIRC est donc un obstacle à la politique du Medef d’évaluation du salariat sur sa seule rentabilité. Sa suppression dispensera le Medef de toute reconnaissance et rémunération de la qualification et des responsabilités exercées, avec à la clef un tassement conséquent des grilles conventionnelles de salaire. Après avoir mené en 1947 la bataille pour la création de l’AGIRC la CGT et singulièrement son UGICT va devoir mener la bataille pour le maintien et l’autofinancement du régime AGIRC, dans l’intérêt des cadres... Et des non-cadres.
. |