GDF Suez : l’Etat désapprouve la retraite chapeau de M. Mestrallet, mais la valide!!
GDF Suez : l’Etat désapprouve la retraite chapeau de M. Mestrallet, mais la valide
Le Monde.fr | 11.11.2014 à 06h53 • Mis à jour le 11.11.2014 à 14h32 | Par Cédric Pietralunga (à Oran et à Alger (Algérie))
C’est désormais officiel : l’Etat ne demandera pas à Gérard Mestrallet, le PDG de GDF Suez, de renoncer à sa retraite chapeau. « Le Haut comité de gouvernement d’entreprises a rendu son rapport », a expliqué Emmanuel Macron, le ministre de l’économie et de l’industrie, en marge d’un déplacement en Algérie, lundi 10 novembre, où il était venu inaugurer une nouvelle usine Renault à Oran.
Celui-ci indique que la retraite complémentaire de M. Mestrallet est conforme au code Afep-Medef. « Nous considérons donc qu’elle est acquise, même si le gouvernement désapprouve ce type de rémunération », précise M. Macron.
Selon le document de référence 2013 de GDF Suez, M. Mestrallet touchera, après son départ de la présidence de l’énergéticien, prévu au printemps 2016, 831 641 euros par an au titre de sa retraite complémentaire, soit 28 % de sa rémunération de référence.
La révélation, fin octobre, de cette retraite chapeau, qui vient s’ajouter aux autres régimes de retraites dont bénéficiera le PDG de GDF Suez, avait provoqué une vive polémique, le Canard Enchaîné assurant que le groupe avait provisionné 21 millions d’euros pour payer un bonus de pension à son PDG.
« Le niveau prévu pour la retraite [de M. Mestrallet] choque, je le comprends », avait alors indiqué M. Macron, estimant que « dans ce cas particulier, nous n’aurions pas voté une telle retraite ».
Le ministre de l’économie avait invité le président du numéro deux français de l’énergie à « en tirer toutes les conclusions », rappelant que cette retraite chapeau avait été votée en septembre 2011 avec le soutien du précédent gouvernement.
L’Etat détient 33 % du capital de GDF Suez et dispose de 4 administrateurs sur 17 au sein du conseil du groupe.
UN RAPPORT DEMANDÉ
S’il n’a pas voulu passer outre l’avis du Haut comité de gouvernement d’entreprises, c’est parce que « l’Etat ne doit pas revenir sur son vote et sa parole. Ce serait un nouveau facteur d’instabilité », estime aujourd’hui M. Macron.
Néanmoins, « l’Etat votera contre ce type de résolution à l’avenir », ajoute le ministre de l’économie, comme il l’a déjà fait une première fois en 2012 lorsque Safran avait demandé à ses actionnaires d’octroyer une retraite chapeau à son PDG, Jean-Paul Herteman.
Il y a un an, Philippe Varin, alors patron de PSA Peugeot Citroën, avait également renoncé à une retraite chapeau estimée à un total de 21 millions d’euros, sous la pression de l’Etat, qui était venu au secours de l’entreprise au côté du chinois Dongfeng.
En outre, Bercy devrait dans les prochaines semaines demander un rapport sur la question des retraites chapeau à un comité d’experts.
Le code Afep Medef « n’est pas assez sévère et ce gouvernement ne pourra pas s’en contenter », explique un conseiller, même si 70 % de cette rémunération est en général captée par les impôts.
« L’éthique doit s’imposer, affirme M. Macron. Pour cela, il faut une pression collective, afin que nous puissions trouver une forme de cohérence. » De l’art de dire que les cadeaux, c’est fini.