INTERVIEW DE LA CGT PAR LA LETTRE DU CADRE

Publié le par LA CGT COFELY ENDEL GDF SUEZ

Marre de travailler (gratuitement) le week-end

Lettre du cadre 17/09/2014 | par Séverine Cattiaux | Toute l'actualité

L’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT a entendu votre ras-le-bol ! Elle lance un pavé dans la mare, refusant les abus liés au temps de travail et notamment les "excès de connexion" hors travail. Explications de Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de l’Ugict-CGT.

« C’est dimanche… On espère que vous n’êtes connectés que pour aller sur Facebook et pas pour travailler, sinon, toute connexion mérite salaire ! » En une phrase, postée sur Facebook, la CGT des cadres résume le sens de sa nouvelle campagne.

Avec un nouveau site internet, la centrale syndicale entend interpeller les organisations de travail et les cadres eux-mêmes sur les dangers de la connexion sans trêve à internet. La CGT estime que les cadres lancent donc la bataille pour le respect d’un « droit à la déconnexion » et, deuxième pavé dans la mare, pour que soit respectée une nouvelle maxime du travail numérique : « Toute connexion mérite salaire ».

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont allongé le temps de travail, puisque l’on travaille chez soi, dans les transports, le soir, le week-end… Mais, gros hic : ce sont des heures non rémunérées. Au fait, pourquoi ?

Aujourd’hui les salariés, les fonctionnaires cadres ou mêmes les techniciens ont des contrats d’objectifs, tels que certains sont obligés de continuer à travailler chez eux, chez elles… Les nouvelles technologies « facilitent » encore plus ces débordements. Elles permettent un vrai travail gratuit, qui est fait à la maison ou dans les temps de transports.

En clair, on souhaite d’abord préserver la santé de ces salariés.

Mais l’entreprise ferme les yeux : soit elle considère que le cadre doit être trop lent pour finir son travail sur les horaires normaux, soit alors on dit que « c’est lui qui choisit de travailler chez lui », ou encore s’il décide de travailler chez lui deux jours par semaine avec les débordements possibles sur le temps personnel, que « ça lui évite les transports et que c’est son choix »…

Votre campagne consiste à exiger un « droit à la déconnexion » et la rémunération de toutes les heures de connexion…

C’est exactement cela. Notre campagne vise à instaurer un « droit à la déconnexion » et à affirmer que « toute connexion mérite salaire ». En clair, nous souhaitons d’abord préserver la santé de ces salariés. D’ailleurs, je rappelle que c’est une obligation légale de l’employeur. Nous demandons des négociations sur le lieu de travail pour examiner ce droit à la déconnexion et faire le point sur la connexion de ces salariés, afin d’aboutir peut-être à des mesures.

Pourquoi ne pas instaurer une trêve des mails, pour que le salarié n’en soit pas récepteur en dehors de ses horaires de travail ?

Par exemple, pourquoi ne pas instaurer une trêve des mails, de façon à ce que le salarié n’en soit pas récepteur en dehors de ses horaires de travail, encore moins le samedi et le dimanche ? Ou alors, nous pouvons faire le décompte exceptionnel de ce travail, hors temps de travail, mais dans ces cas-là, il faut mettre en place un compteur. Il appartient à l’entreprise ou à la collectivité de rémunérer ces heures.

Nous souhaitons instaurer la maîtrise des TIC par les cadres eux-mêmes, de compter ses heures supplémentaires de connexion et imposer à l’entreprise un cadre global qui permette au salarié de ne pas être obligatoirement récepteur de mails pendant son temps de repos.

« Toute connexion mérite salaire » : cela va coûter très cher aux entreprises.

C’est pour cela que, dans la négociation, nous proposons plusieurs modalités. Soit l’entreprise prend ses responsabilités : je pense que le plus sage est de faire une trêve des mails dans le temps personnel. Soit l’entreprise dit « non, on ne peut pas, il y a un projet à faire aboutir, etc. » : dans ces cas-là, on décompte les heures et on les paye en heures supplémentaires.

Rémunérer toutes les heures de connexion à la maison, qui sont du vrai travail, irait à l’encontre du souhait des entreprises de vouloir limiter ces heures supplémentaires et mécaniquement entraînerait la création d’emplois. Au contraire, aujourd’hui, l’entreprise semble tout faire pour que les ingénieurs, cadres et techniciens ne se posent pas de question et continuent à travailler, gratuitement, chez eux, grâce aux TIC.

Vous pointez un autre problème : le télétravail est encadré, mais pas le nomadisme…

En effet, il y a de très nombreux ingénieurs, cadres et techniciens aujourd’hui qui travaillent deux jours en télétravail et le reste du temps reviennent sur le lieu de travail. Ce ne sont pas des télétravailleurs au sens réglementaire du terme (80 % au moins du temps de travail selon la loi). Ces nomades ne peuvent prétendre aujourd’hui aux mêmes droits que les télétravailleurs… Ce n’est pas juste.

Les nomades ne peuvent prétendre aujourd’hui aux mêmes droits que les télétravailleurs… Ce n’est pas juste.

Nous venons de signer un accord pour encadrer le nomadisme à BNP Paribas. Cet accord prévoit de nombreux droits qui sont octroyés aux télétravailleurs à plein-temps, comme le fait de considérer que tout accident à domicile ou au cours d’un déplacement est présumé être un accident de travail, pendant la période de télétravail, et que c’est à l’entreprise d’apporter la preuve du contraire. C’est aussi la prise en charge du matériel et des équipements à domicile, l’abonnement à Internet, etc.

Déconnecter en cinq propositions
La CGT propose cinq actions simples pour éviter aux cadres d’être connectés, de jour comme de nuit, à leur travail :
- encadrer les TIC pour protéger la vie privée ;
- garantir le décompte, la rémunération et/ou la récupération de toute heure effectuée ;
- réglementer les forfaits jours ;
- réglementer le télétravail ;
- mettre en place une réglementation encadrant les déplacements professionnels.

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